The Voice à Paris ! Pas vu depuis 2005, une montée du provincial à Paris s’imposait donc. C’est long 10 ans à quelques jours près : Bergara le 30 septembre.
Et apparemment, le fan que je suis, ne fut pas le seul à avoir eu cette envie : la magnifique petite salle à la chaleur théâtrale, jolis rideaux soyeux, ferronnerie travaillée sur le balcon lui-même orné de 2 mannequins-statues, affiche complet.
Beaucoup dans ces 500, portent des lunettes. N’y voyez pas là, une moyenne d’âge élevée, car nous sommes immortels, il s’agit juste d’un look de fan attitude envers le chanteur à lunettes. Je suis dans un théâtre, je me mets donc en mode comédien, mais ce sera juste pour cette anecdote.
Car le reste de cet écrit n’aura nul besoin d’être romancé pour séduire, et traduire une réalité qui se suffira à elle-même.
Le duo King of the North a démarré, ma foi, de fort belles énergies. Le batteur a des bras qui font la taille des cuisses de l’ancien rugbyman que je fus. Mais il n’en oublie pas la dextérité. Faut dire qu’à 2 seulement, il faut sacrément envoyer. En duo, on pourrait s’attendre à un show acoustique, mais c’est bien électrique pour un classic rock stoner limite grungy super efficace. Le chanteur guitariste, a lui un physique inverse à sa gorge : frêle, mais arrachant ses cordes vocales aussi fortement que cogne son batteur. Le tout avec un sens du rythme, du riff et de la mélodie bon pour les oreilles. On s’inquiétera juste sur le risque de crise cardiaque du chanteur, tant celui-ci se donne à fond. Pas sûr que je pourrai écouter cette énergie dingue à longueur de temps sur ma platine, mais c’est à voir absolument live.
Puis entre en scène le jeune James Jared Nichols, un clone physique de John Sykes et de Doug … Aldrich : Blond à fort abdominaux. Question énergie, il clone bien aussi ses aînés. Question guitare, il se débrouille bien dans son rock blues sans les égaler. Là où le bât blesse, c’est au niveau de sa voix qui reste assez banale, même s’il donne beaucoup de convictions. Son coté poseur, au premier abord, pourrait agacer, mais au final, on ressent bien la passion, et donc une certaine sincérité, que le jeunot dégage. Ses 2 acolytes l’entourent bien, avec un second batteur cogneur, mais davantage métronome que celui de KOTN, en moins complet, mais tout autant fracasseur. On passera donc là aussi un agréable moment, avec notamment 2 reprises : Mississippi Queen et Hoochie coochie man. Le groupe trouvera son succès sans aucun doute dans les clubs américains, et plus si affinités.
C’est donc bien chaud qu’on attend l’ex de quasi tout le monde.
On entend le début d’une intro de musique classique, les lumières s’éteignent, et puis … grosse baffe de méga bonne surprise : Sort des amplis, le fameux refrain chanté et boosté par Glenn Hughes dans les années 90 du groupe de rap pop The KLF – America : le single What Time Is Love ? … pinaise, ça dépote ! Quelle super bonne idée avec cette voix hyper puissante ! C’est d’autant plus drôle que la septième star s’était plainte de ne pas avoir été payée pour cette session. Mais aujourd’hui, The Voice vit au temps de l’amour, comme il nous le dira dans un anglais sans accent, et dans un discours, assez humoristique, bien plus court et supportable que ne le relaient certains.
Arrive donc le trio sur cette divine intro, tous sourires.
Doug Aldrich ayant un rang à tenir, veut tout de même rappeler au jeune Jared que malgré sa cinquantaine, c’est lui la bombasse de la soirée en montrant aussi ses abdo, mais avec une attitude plus sobre, plus relax, et moins laqué que dans la grosse machinerie de Whitesnake. Du coup, un brin de soulagement me gagne.
J’avoue que j’appréhendais ce trio : n’étant pas super fan de l’ex-guitariste de David Coverdale et Dio, au jeu bien lourd, je le voyais mal dans ce cadre du trio, et un répertoire partiellement funky. Et comme dit plus haut, son look trop aguicheur m’agaçait, à moins que cela ne fut de la jalousie de voir des bulles de bières flotter à la place de mes abdo. Le coté look coco rassurant, quid du côté musical ?
Si j’avais imaginé une set list davantage axée hard rock vu la présence d’ Aldrich, et basée sur des titres de Hughes-Thrall et de Hughes-Iommi, il n’en sera rien : on aura droit à une set list Best of du bassiste chanteur. Probablement que le Maître a voulu surfer sur son succès dans King of Chaos, le Purple Album de Whitesnake, et frustré, rappeler son histoire, après 4 albums sans tournée véritable. (les 3 BCC + le California Breed) !?
Et à ma grande surprise, la magie opéra (normal dans un théâtre). Le trio groove à souhait, mais surtout jamme à donf … un batteur qui cogne dur aussi – ce sera la soirée des bons bûcherons, victoire pour celui de KOTN pour votre serviteur – on a droit à des morceaux à rallonge, mais c’est du très bon rab … On oublie que le chanteur est aussi un excellent bassiste. Pff quel groove, quel feeling pour placer le bon grave et le bon »ouainn ouainn » au bon moment.
Et le blond guitariste le sait aussi, et ne se gêne donc nullement pour aller chercher la complicité du bassiste. Le trio communique vraiment bien son plaisir, notamment un Doug qui, contre toute attente, m’aura ravi.
Oh ! Il aura tout de même ses quelques longueurs et lourdeurs guitaristiques (Mistreated n’a pas besoin d’une intro aussi longue, mais merci tout de même pour le clin d’oeil à Soldier of fortune que peu ont reconnu dans cette version électrique), mais ses longueurs seront minimes. Le guitariste, n’est pas un funkman, rockisant un tant soit peu, mais à peine les titres ; il s’adaptera plutôt bien au répertoire, et ne sera pas aussi pénible qu’avec le Serpent Blanc. On aura aussi droit à une belle joute guitare-batterie annonçant le solo, dispensable, de batterie de Pontus Endborg, gros cogneur de studios. La joute se suffisait à elle-même.
Au-delà de son image cool, de son jeu adapté de ce soir, Doug Aldrich ne sera pas avare en louanges et en gestuelles respectueuses et honorifiques envers le grand chanteur. Cette attitude modeste finira par me séduire complètement, avec comme point d’orgue (hé hé), son discours hommage présentant Glenn Hughes comme un »Trésor pour le rock ». Respect.
Parce que oui, oui oui, … The Voice n’usurpe pas son titre. Au passage, cessez de vous faire une idée de ses prestations sur utub aux sons pourris – même moi qui suis die-hard fan, il peut m’agacer sur ces vidéos là – allez l’écouter en vrai. Ses modulations, sa voix suave, ses aiguës vous prennent à la gorge sur scène. C’est d’un tout autre relief incomparable. S’il abuse des aigus qui sont devenus sa marque de fabrique, comme l’étaient devenus les couinements pressage de couilles de Mickaël Jackson à chaque fin de phrases, il n’empêche que ceux-ci sont parfaits, impressionnants de puissance et de justesse. La partie finale a capela sur Mistreated est juste phénoménale. Votre pseudo Christian Lamet (hommage pour les 30 ans de Hard force), regrettera son omission de passages vocaux plus graves et bluesy, mais il se rattrapera sur le fabuleux Black country, le grand moment et désormais classique sur lequel Glenn lâche toute sa fougue hard, et il le montre bien aussi physiquement. Et puis l’enchaînement Black Country-Burn est à tomber. Grosse tuerie.
Entre temps, les sieurs auront présenté dans de belles versions les standards de DP, de Trapèze, le classieux First step of love du culte Hughes-Thrall. Mais c’est sous-estimer les excellents titres solo du maestro que sont Soul Mover et l’enjoué Can’t stop the flood. Titres qui seraient des classiques dans un autre cadre. Clin d’oeil sympa aussi pour Doug en reprenant une de ses compo dans Whitesnake Good to be bad, jouée ici davantage funky que rentre dedans, et qui donc ne dénotera point dans la soirée. Seule baisse de régime : Vocalement Glenn chantera un ton en dessous l’excellent One last soul, faisant perdre au titre sa puissance particulière. Faut dire que vocalement ce titre en impose aussi, un peu comme la seconde partie exigeante d’Addiction. Bref un autre titre serait donc plus adapté pour le live.
Autre petit bémol : un sous mix de la voix au début du show, et à la fin, pour mettre en avant la guitare sur l’opener et les rappels. Il n’y avait pas besoin.
Si Hughes est une valeur incontestable de l’histoire du rock, ce trio-là sera allé au-delà de mes espérances. Avec ce côté jam impro, on peut en conclure qu’Aldrich et Hughes, ont grandement respecté l’héritage scénique des années 70, que le Purple actuel a parfois du mal à préserver. Et ce genre de jam sur scène est plutôt rare, quand des artistes de ce niveau présentent autant de classiques, souvent jouer live en mode Greatest Hits sans saveur, voire sans âmes. Il n’en fut rien ce soir-là, c’est pourquoi, je maintiens que Glenn Hughes est celui de la DP family qui perpétue aujourd’hui le mieux, le style scénique du Deep Purple des 70. Un comble au final pour celui qui a quelque part généré la fin du groupe à cette époque-là.
Le public, plus accès revival que die hard fan – vu les réactions et certains commentaires, beaucoup semblaient venir pour les classiques purplien – aura su rendre hommage aux Artistes présents, mais en douceur, sans casser les lunettes.
Merci Messieurs ! Ce fut une ovationnelle excellente soirée, des 3 groupes et de ce trio là, dont je me prends même à rêver d’un album, un Hughes-Aldrich. Après le caprice de Joe Bonamassa, Hughes se cherchait un guitariste à son échelle : il l’a désormais ! Allez chiche !?
The Voice of Rrockkk ! Mister Glenn HUUUUUGHES !
Set list : Intro (What time is love) – Stormbringer – Orion – Way back to the bones – First step of love – Touch my life – Sail away – Good to be bad – solo guitar (Soldier of Fortune) – Mistreated – Can’t stop the flood – One last soul – Soul Mover – Black Country – Burn
Line-up : Glenn Hughes + Doug Aldrich + Pontus Engborg